12.7.13

Tour de souffrance



Pour ceux qui sont choqués par le dopage des coureurs du Tour de France, lisez donc le livre du grand Albert Londres sur le sujet, Tour de France, tour de souffrance, pour découvrir les étapes aux durées insensées, les courses de nuits, les coups pendables, coups de gourdin et autres tessons de bouteilles, et le dopage au vin rouge et cocaïne.



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- dans l'imposant volume Câbles et reportages, sous le titre Les forçats de la route, chez Arléa.
- encore chez Arléa, mais en poche.
- aux éditions L'Esprit du temps, sous le titre Tour de France, tour de forçat.

7.7.13

Le linguiste était presque parfait


Illustration : Olivier Balez.



Dans un centre de recherche du sud de l'Indiana, un groupe de linguistes étudie l'évolution du langage chez les jeunes enfants; mais les morts suspectes s'enchaînent, et tout semble accuser le professeur Cook. Celui-ci n'a pas d'autre choix que de mener sa propre enquête pour tenter de se disculper, utilisant au besoin sa maîtrise de la linguistique et la théorie de la contre-amitié.
Noir et amusant, ce très british roman américain que l'éditeur présente avec raison comme "du David Lodge avec des cadavres", est une vaste partie de Cluedo où les indices prendraient la forme de doubles négations et d'idiophénomènes.




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- Le linguiste était presque parfait, David Carkeet, Bègles, éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2013, (Double Negative, 1980), 288 p.

28.6.13

Un homme dans la foule




Dix nouvelles, dix portraits d'hommes déchus ou arrivés au point de rupture de leur existence, dont la plus connue fut portée à l'écran par Elia Kazan. Rencontre avec l'envers du rêve américain des années 40 dans un ton qui fait penser à Fitzgerald (période déclin hollywoodien), à Chandler et à Ben Hecht (Je hais les acteurs). Plus dure sera la chute.



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- Un homme dans la foule, Budd Schulberg, Rivages poche, bibliothèque étrangère.

10.6.13

Dévadé



"Ce n'est pas pour me vanter, mais ce n'est pas une vie."



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- Dévadé, Réjean Ducharme, 1990.

5.6.13

Chroniques des jours enfuis



























Sam Shepard n'est pas un acteur qui écrit des livres pour tromper son ennui ou flatter son ego, il s'agit bel et bien d'un acteur doublé d'un véritable écrivain. On se souvenait avec plaisir de Motel chronicles (Christian Bourgois, 1985 et de Balades au paradis (Robert Laffont, coll. "Pavillons"), et voilà que les éditions 13e Note ont publié Chroniques des jours enfuis en 2012.

Un narrateur sillonne lentement l'Ouest américain, des plaines du Minnesota enneigé aux déserts du Nouveau-Mexique calciné, et son regard se pose sur mille détails qui lui rappellent autant de souvenirs. Peu à peu, des moments qu'il croyait oubliés, actes manqués et rencontres hasardeuses, ces jours enfuis lui reviennent en mémoire. À ces souvenirs, s'ajoutent des scènes sorties de nulle part, comme aperçues à travers la fenêtre sale d'un motel où l'on sait que l'on n'aurait pas du regarder. 
Mélancoliques mais jamais désabusées, ces chroniques sont la rencontre de l'Amérique mythique et de sa réalité ordinaire sur une aire d'autoroute, racontée en une centaine de nouvelles, fragments, poèmes et autres dialogues.




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- Chroniques des jours enfuis, Sam Shepard, Paris, 13e Note éditions, 2012, 350p.







8.5.13

Mon dinosaure




Mon dinosaure, le dernier recueil de poésie de François Turcot publié à La Peuplade (2013).







23.3.13

Les métiers terrestres



"En 1964, je décidai que de tous mes métiers terrestres celui qui me convenait le mieux était le violent métier d'écrivain."

Rodolfo Walsh (1927-1977) fut, entre autres métiers terrestres, journaliste et écrivain. Il fonde avec Garcia Marquez l'agence cubaine de presse alternative. Suite au coup d'état de 1976, Walsh retourne en Argentine pour se joindre à la guérilla. Il sera assassiné un an plus tard par les militaires.





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- Les métiers terrestres, Lux éditeur, Montréal, coll. "Orphée", 2013, 206p.

26.1.13

Un soir au club

"Le piano n'était pas le violon d'Ingres de Simon Nardis. C'était bien plus qu'un violon d'Ingres. Le piano était pour lui ce que la peinture était pour Ingres. Il cessa de jouer comme Ingres aurait pu cesser de peindre. C'eût été dommage, dans le cas d'Ingres. Ce fut dommage dans le cas de Simon Nardis."


C'est avec ce paragraphe que débute Un soir au club, le livre de Christian Gailly paru en 2001 et qui attendait patiemment son tour sur les rayons de ma bibliothèque depuis des années. Il y est beaucoup question de piano donc, de musique incidemment, et plus précisément de jazz, dont l'auteur restitue à merveille la sensualité et le rythme.






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Un soir au club, Christian Gailly, Paris, éditions de Minuit, 2001, coll. "Double", 2004.

6.1.13

Le Cavalier suédois







"- J'ai plus d'un tour dans mon sac, se vanta le Torcol. Je sais chercher les puces du hérisson, ferrer une oie, faire des petits tabliers aux sauterelles, et je n'ai qu'à siffler pour que les poissons bondissent en rangs de leur vivier."




Quel meilleur temps que le froid mois de janvier pour se (re)plonger dans l'univers sombre et fantastique du Cavalier suédois, l'un des remarquables romans d'aventures de Leo Perutz, si élégamment empreint de réalisme magique?






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- Le Cavalier suédois, Leo Perutz, éditions Phébus, coll. "Libretto".






26.12.12

Rue des voleurs









Tout simplement l'autre meilleur roman de l'automne, avec Peste et choléra.

Rue des voleurs, de Mathias Énard, Actes Sud, 2012.

13.11.12

Shakespeare n'a jamais vu L.A.


Cela devait bien faire dix ans que je n'en n'avais pas lu, et je croyais bien avoir terminé ma période Bukowski, lorsqu'on m'a mit ce livre entre les mains.

En 1978, Charles Bukowski accepte les invitations de ses éditeurs français et allemands et s'embarque avec sa compagne Linda Lee et un ami photographe. Après avoir éclusé tout le vin blanc, puis le rouge, et enfin la bière disponibles à bord de l'avion, les voici donc qui débarquent à Paris.
Le grand Buck, qui ne s'attendait pas à un tel empressement de la part des journalistes français, aimerait mieux continuer à boire dans la chambre d'hôtel de la rue des Saints-Pères où l'a enfermé Raphael Sorin(1), mais voilà que déjà on le traîne sur le plateau d'Apostrophes pour son désormais légendaire passage à l'émission de Bernard Pivot.
L'émission est un demi-désastre et vire presque au pugilat lorsque l'écrivain, rond comme une queue de pelle, se fait montrer la sortie du plateau par les agents de sécurité. Ses fans exultent, le trublion américain ne les a pas déçu en se moquant du maître de cérémonie de la littérature télévisée.
Après un crochet peu glorieux par Nice, où le beau-père de Linda Lee refuse de les rencontrer, le couple file vers l'Allemagne (quatorze heures dans un train sans wagon restaurant ni bar ambulant!) pour la deuxième partie du programme.
À Mannheim d'abord il retrouve des amis, le traducteur Carl Weissmer et le cinéaste Barbet Schroeder, puis à Andernach, sa ville natale, il se rend chez son vieil oncle Heinrich, boit du vin, visite des châteaux, boit du vin, prépare la grande lecture prévue à Hambourg et boit du vin avec des amis.
Il trouve encore le temps de répondre à des interviews impromptues :

"Non, Oui, Non. Non.- J'aime Thomas Carlyle, Madame Butterfly et le jus d'orange avec la pulpe. J'aime les radios rouges, les lave-autos, les paquets de cigarettes écrasés et Carson McCullers.Non. NON! Non. Oui, bien sûr.-Mick Jagger? Non, j'aime pas sa bouche... Bob Dylan? Non, j'aime pas son menton.
Fin de l'interview."

photo : Michael Monfort

C'est un premier retour au pays après cinquante-huit ans d'absence et une vie américaine bien remplie, et même si les gueules de bois à répétition lui gâchent un peu le paysage, on sent l'écrivain ému par ses retrouvailles. Lui qui s'est habitué à lire sa poésie dans des endroits improbables pour payer son loyer, est tout de même surpris par les mille deux cents personnes venues l'entendre à Hambourg. Il s'en trouve bien un qui l'insulte dans la foule, mais ce serait plutôt du genre à mettre le bonhomme en confiance.

"Là encore les fans allemands se distinguaient : ils avaient mes livres. Dans les boîtes de nuit (*aux États-Unis), on me faisait surtout signer sur des serviettes en papier."

Et puis malgré tout ce dépaysement, Bukowski finit par s'ennuyer de son chat et de sa machine à écrire et il aimerait bien rentrer chez lui. Encore faut-il trouver le bon train, le bon avion, et c'est une autre histoire.

"Comment ce type qui ne s'intéresse à presque rien peut-il écrire sur quoi que ce soit? Eh bien, j'y arrive. J'écris sur tout le reste, tout le temps : un chient errant dans la rue, une femme qui assassine son mari, les pensées et les sentiments d'un violeur à l'instant où il mord dans son hamburger; la vie à l'usine, la vie dans les rues et dans les chambres des pauvres, des invalides et des fous, toutes ces conneries, j'écris beaucoup de conneries dans le genre..."




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Shakespeare n'a jamais fait ça, Paris, 13e note éditions, 2012, 254p. Illustré de nombreuses photos de Michael Montfort.
(1) Raphael Sorin qui était aussi l'ami et éditeur de Jean-Pierre Martinet, un autre grand écrivain alcoolique.



11.11.12

Saute le temps




Les éditions Finitude continuent à leur rythme de réparer certaines erreurs en republiant des oubliés de la littérature. C'est au tour de Roger Rudigoz (1922-1996), auteur des années 50-60 qui se voyait lui-même comme un véritable auteur du Nouveau roman, et que l'on découvre à travers son journal des années 60-61, "tristement gaulliennes" sur fond de guerre d'Algérie.



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- Saute le temps, Roger Rudigoz, Bordeaux, éditions Finitude.