26.12.12

Rue des voleurs









Tout simplement l'autre meilleur roman de l'automne, avec Peste et choléra.

Rue des voleurs, de Mathias Énard, Actes Sud, 2012.

13.11.12

Shakespeare n'a jamais vu L.A.


Cela devait bien faire dix ans que je n'en n'avais pas lu, et je croyais bien avoir terminé ma période Bukowski, lorsqu'on m'a mit ce livre entre les mains.

En 1978, Charles Bukowski accepte les invitations de ses éditeurs français et allemands et s'embarque avec sa compagne Linda Lee et un ami photographe. Après avoir éclusé tout le vin blanc, puis le rouge, et enfin la bière disponibles à bord de l'avion, les voici donc qui débarquent à Paris.
Le grand Buck, qui ne s'attendait pas à un tel empressement de la part des journalistes français, aimerait mieux continuer à boire dans la chambre d'hôtel de la rue des Saints-Pères où l'a enfermé Raphael Sorin(1), mais voilà que déjà on le traîne sur le plateau d'Apostrophes pour son désormais légendaire passage à l'émission de Bernard Pivot.
L'émission est un demi-désastre et vire presque au pugilat lorsque l'écrivain, rond comme une queue de pelle, se fait montrer la sortie du plateau par les agents de sécurité. Ses fans exultent, le trublion américain ne les a pas déçu en se moquant du maître de cérémonie de la littérature télévisée.
Après un crochet peu glorieux par Nice, où le beau-père de Linda Lee refuse de les rencontrer, le couple file vers l'Allemagne (quatorze heures dans un train sans wagon restaurant ni bar ambulant!) pour la deuxième partie du programme.
À Mannheim d'abord il retrouve des amis, le traducteur Carl Weissmer et le cinéaste Barbet Schroeder, puis à Andernach, sa ville natale, il se rend chez son vieil oncle Heinrich, boit du vin, visite des châteaux, boit du vin, prépare la grande lecture prévue à Hambourg et boit du vin avec des amis.
Il trouve encore le temps de répondre à des interviews impromptues :

"Non, Oui, Non. Non.- J'aime Thomas Carlyle, Madame Butterfly et le jus d'orange avec la pulpe. J'aime les radios rouges, les lave-autos, les paquets de cigarettes écrasés et Carson McCullers.Non. NON! Non. Oui, bien sûr.-Mick Jagger? Non, j'aime pas sa bouche... Bob Dylan? Non, j'aime pas son menton.
Fin de l'interview."

photo : Michael Monfort

C'est un premier retour au pays après cinquante-huit ans d'absence et une vie américaine bien remplie, et même si les gueules de bois à répétition lui gâchent un peu le paysage, on sent l'écrivain ému par ses retrouvailles. Lui qui s'est habitué à lire sa poésie dans des endroits improbables pour payer son loyer, est tout de même surpris par les mille deux cents personnes venues l'entendre à Hambourg. Il s'en trouve bien un qui l'insulte dans la foule, mais ce serait plutôt du genre à mettre le bonhomme en confiance.

"Là encore les fans allemands se distinguaient : ils avaient mes livres. Dans les boîtes de nuit (*aux États-Unis), on me faisait surtout signer sur des serviettes en papier."

Et puis malgré tout ce dépaysement, Bukowski finit par s'ennuyer de son chat et de sa machine à écrire et il aimerait bien rentrer chez lui. Encore faut-il trouver le bon train, le bon avion, et c'est une autre histoire.

"Comment ce type qui ne s'intéresse à presque rien peut-il écrire sur quoi que ce soit? Eh bien, j'y arrive. J'écris sur tout le reste, tout le temps : un chient errant dans la rue, une femme qui assassine son mari, les pensées et les sentiments d'un violeur à l'instant où il mord dans son hamburger; la vie à l'usine, la vie dans les rues et dans les chambres des pauvres, des invalides et des fous, toutes ces conneries, j'écris beaucoup de conneries dans le genre..."




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Shakespeare n'a jamais fait ça, Paris, 13e note éditions, 2012, 254p. Illustré de nombreuses photos de Michael Montfort.
(1) Raphael Sorin qui était aussi l'ami et éditeur de Jean-Pierre Martinet, un autre grand écrivain alcoolique.



11.11.12

Saute le temps




Les éditions Finitude continuent à leur rythme de réparer certaines erreurs en republiant des oubliés de la littérature. C'est au tour de Roger Rudigoz (1922-1996), auteur des années 50-60 qui se voyait lui-même comme un véritable auteur du Nouveau roman, et que l'on découvre à travers son journal des années 60-61, "tristement gaulliennes" sur fond de guerre d'Algérie.



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- Saute le temps, Roger Rudigoz, Bordeaux, éditions Finitude.

1.11.12

L'auteur et moi



Jamais nous n'aurions pensé passer un jour autant de temps à lire à propos des chou-fleurs. Encore moins sur les conséquences fâcheuses de la présentation du plat honni à celui à qui l'on avait promis le matin même et d'une voix enjouée encore son plat favori. Or, le plat favori du narrateur est la truite aux amandes, source de bonheur inégalable. L'auteur quant à lui, n'a pas d'opinion aussi tranchée sur la question, il ne lui viendrait pas à l'idée de tuer pour une simple question de gratin de chou-fleur par exemple, tandis que le narrateur, si.

Le débat fait donc rage entre les deux tout au long du plus récent livre d'Éric Chevillard, où l'auteur nous offre une fois de plus une farce poético-romanesque savoureuse. Il sera aussi longuement question d'une fourmi.



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- L'auteur et moi, Éric Chevillard, éditions de Minuit, 2012.

28.10.12

Susceptible




























Magnifique et émouvant, Susceptible, de Geneviève Castrée, premier album édité avec beaucoup  de soins chez Apocalypse, la nouvelle maison d'édition de Menu.















Comme des sentinelles




Comme des sentinelles, de Jean-Philippe Martel, est un premier roman québécois audacieux. On y accompagne Vincent Sylvestre, chargé de cours à l'université de Sherbrooke, où il enseigne la littérature française à des étudiants quelque peu surpris par ses dérapages hors plan de cours. Il faut dire que lorsque vient le soir, Vincent retrouve Robert Thompson, son nouvel ami rencontré aux réunions des narcotiques anonymes. Or, ce qu'il découvre à de quoi le perturber, puisqu'au fil des moments passés avec Robert, Vincent découvre l'envers du décor de sa vie quotidienne. Celui des cours à scrap et des bars sportifs, du braconnage et des danseuse de clubs de bords de route.

À l'abri derrière un ton un brin cynique et désabusé, passant de l'étude de Benjamin Constant à  l'écoute de Motörhead le temps d'un trajet en camion, le narrateur explore la solitude et ses fantômes, nous rappelant au passage qu'elle n'est pas l'apanage des grandes villes.



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- Comme des sentinelles, Jean-Philippe Martel, éditions La Mèche, Montréal, 2012.

24.10.12

Faits divers



Anouk Ricard aime brouiller les cartes en faisant passer à ses lecteurs la mince frontière en la BD et les livres pour enfants. Avec la série des Anna et Froga, puis les enquêtes du commissaire Toumi et Coucous Bouzon, le plaisir est à chaque fois instantané.

Cette fois, Anouk Ricard a épluché pour nous les chroniques de faits divers de la presse régionale, source inépuisable de réjouissances et d'affligements dans l'observation de la nature humaine, et s'en est emparé pour nous livrer sa version des faits, plus délirante encore que ce que laisse supposer des manchettes telles que : "Il abandonne sa compagne qui s'étouffe au restaurant", ou "Il reçoit dans son lit une balle tirée par un policier".

Faits divers, c'est les Nouvelles en trois lignes de Fénéon, réécrite avec des crayons de couleur.










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- Faits divers, Anouk Ricard, éditions Cornélius, 2012.

21.10.12

Viviane Élisabeth Fauville


Viviane Élisabeth Fauville est un premier roman écrit sur mesure pour les éditions de Minuit. Sans être follement original, c'est un texte maîtrisé et enlevant, tout en retenue et en détails, typique du catalogue de la famille Lindon, une découverte agréable de cette rentrée.




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Viviane Élisabeth Fauville, Paris, éditions de Minuit, 155 p., 2012.

15.10.12

Grande école








De la petite école à la grande, celle que l'on devine être les Beaux-Arts à Paris et l'école de la vie, en passant par le service militaire et les camps de vacances, voici un catalogue des mille et une petites humiliations et autres échecs qui ont fait de Clément de Gaulejac ce qu'il est aujourd'hui, un dessinateur, artiste visuel, et maintenant écrivain, dont on comprend qu'il ait voulu s'éloigner du carcan initiatique qu'il dépeint.
Le ton sérieux et les descriptions minutieuses offrent un contrepoint au burlesque des situations, avec une subtilité qui n'est pas sans faire penser à Sempé, et l'on se prend à imaginer notre héros en Petit Nicolas qui serait devenu grand, avec une pointe de Buster Keaton en habits d'artiste.




Présentation de l'éditeur :
Le héros tombe dans les escaliers. Il roule en bas des marches sous le regard médusé de la foule réunie là. Personne ne le lui demande, mais en se relevant, il rassure l’assemblée : « Je vais bien, ça va, rien de cassé. » Dans les films burlesques, le héros se relève toujours impassible de ses innombrables chutes. Cette endurance à la cruauté du monde est précieuse pour le spectateur, d’autant plus que les acrobaties mises en scène n’en sont pas moins réelles. Dans l’escalier, c’est un vrai corps qui tombe. C’est ainsi qu’il faut entendre le réalisme des récits de Grande École : ils sont réalisés sans trucage. Sous le joug de toutes sortes de disciplines, le narrateur apprend. C’est-à-dire que, petit à petit, il réunit des compétences, la plupart du temps à son corps défendant – comme le sont les corps de tous les apprentis, tour à tour flottants et entêtés, dont ce livre est peuplé.






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- Grande école, Clément de Gaulejac, Montréal, Le Quartanier éditeur, 2012.

22.9.12

Peste & choléra





Patrick Deville est un écrivain français atypique puisque ses livres sont autant des romans d'aventures que des biographies déguisées de personnages hauts en couleurs. Bandits, aventuriers, scientifiques, Deville a le chic pour faire revivre des personnages rimbaldiens, avec un goût de prédilection pour ceux qui s'approchent au plus près de la folie, au coeur des jungles du monde (voir Pura vida, La tentation des armes à feuÉquatoria, Kampuchéa). 
La précision du langage, l'humour discret et raffiné, les ruptures dans le rythme, l'exotisme géographique et historique (l'empire colonial français à son apogée, du temps où les avancées en Indochine semblaient une compensation pour la perte de l'Alsace-Lorraine) et le soupçon scientifique (Alexandre Yersin, pasteurien de génie mais oublié, méritait amplement, à en croire le livre de Deville, d'être remis sur le devant de la scène), tout est là pour que Patrick Deville, au sommet de son art, soit enfin récompensé comme il le mérite.






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Peste & choléra, Patrick Deville, Le Seuil, 2012.

8.9.12

Autobiographie des objets





Cette Autobiographie des objets de François Bon est une autobiographie collective et nostalgique à travers laquelle  nombreux sont qui pourront (partiellement) se retrouver. L'exercice n'est pas sans rappeler Les Années, de Annie Ernaux.









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Autobiographie des objets, François Bon, Le Seuil, 2012.

1.9.12

La frontière belge





Mi reporter, mi écrivain, Jean Rolin est un habitué des romans de haute tenue à la frontière de la fiction et de la réalité. La frontière belge, publié une première fois en 2001 par L'Escampette, était un peu tombé dans l'oubli, sans doute en raison de l'incendie des Belles lettres qui avait détruit tout le stock de l'éditeur à l'époque. Onze ans plus tard, l'Escampette n'est toujours pas distribué au Québec, mais les Européens peuvent enfin profiter de ce magnifique roman.

20.8.12

Monsieur T.




Monsieur T., de la poète grecque Katerina Iliopoùlou. Une poésie vaguement narrative tout en simplicité, qui n'est pas sans évoquer le Plume de Michaux.

Dans la très belle, très élégante et très éphémère collection "Le fer et sa rouille".




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Monsieur T., Katerine Iliopoùlou, Montréal, L'Oie de Cravan, 2012, 200 ex numérotés.

15.8.12

Le dernier stade de la soif



C'est un très grand roman, un de ceux dont seuls les Américains ont le secret. Lorsque l'éditeur nous prévient que Frederick Exley se situe quelque part à la rencontre de Nabokov, Bukowski, Richard Yates et Thomas Bernhard, ce n'est pas une exagération. 
C'est aussi le mélange étrange et réussi de l'autofiction européenne et de l'efficacité de la narration américaine.

Vous pouvez lire les premières pages ici.






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Le dernier stade de la soif, Frederick Exley, Paris, Monsieur Toussaint Louverture éditeur, 2011.






6.8.12

Le grand partout



Vollmann se fait hobo, voyageur céleste, clandestin volontaire. Il parcourt l'Amérique sur les traces de ses grands prédécesseurs, les Twain, Thoreau, London, Kerouac. Ceux-là il les connaît par coeur, mais c'est à la recherche des véritables itinérants qu'il se lance, explorant leurs jungles, déchiffrant leurs messages, étudiant leur mode de vie. Tout en s'interrogeant sur sa propre quête de liberté, Vollmann continue d'explorer à sa façon l'envers du rêve américain.



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Le grand partout, de William, T. Vollmann, Arles, éditions Actes Sud, 256 p., 2011.







28.7.12

Fables fantastiques




Moins connu que son Dictionnaire du diable ou que ses nouvelles sur la guerre de sécession, les Fables fantastiques d'Ambrose Bierce sont le plus souvent assez réjouissantes à lire, tant leur cynisme et leur absurdité trouvent encore un écho aujourd'hui.






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Fables fantastiques, Ambrose Bierce, éditions Rivages poche.

Du sang dans les plumes




Du sang dans les plumes. Un excellent recueil de nouvelles qui prend sa source dans les ruelles crasseuses de Los Angeles, parmi les junkies et les itinérants, puis en milieu carcéral. Très largement inspirés de la vie de l'auteur, Joel Williams, ces textes se situent "au carrefour de la tradition amérindienne et de la littérature de prison, de l'humour et de la poésie".

La jeune et dynamique maison d'édition 13e Note semble avoir trouvé un filon intéressant avec cette collection Pulse (voir SempreSusan). Le livre est enrichi d'une belle nouvelle inédite de James Crumley et d'un texte de présentation par l'auteur lui-même.






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Du sang dans les plumes, de Joel Williams, éditions 13e Note, coll. "Pulse", 2012, 234 p., 8euros/13,95$.



26.7.12

L'abîme de Meckert



Dans Abîme et autres contes inédits, le lecteur découvre trois nouvelles de jeunesse de Jean Meckert. Bien avant Les coups, tout le talent de Meckert est déjà là, triste comme du Calet, percutant comme du Maurice Raphaël, particulièrement dans la nouvelle éponyme.




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Abîme et autres contes inédits, éditions Joseph K., coll. "Métamorphoses", 54 p., Paris, 2012.

On a perdu la guerre mais pas la bataille







On a perdu la guerre mais pas la bataille. Après une première incursion dans le monde de la BD en collaboration avec Julie Doucet en 2008, le réalisateur touche à tout Michel Gondry livre ici un projet solo. Une curiosité amusante où il nous a semblé retrouver beaucoup de l'humour et de l'esthétique de ... Pierre La Police.
Un album qui plaira certainement plus aux fans de Gondry qu'aux amateurs de BD.










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Traduit de l’Anglais 
48 pages, éditions Cambourakis, 2012.

21.7.12

Sudbury

 






Sudbury, du poète franco-ontarien Patrice Desbiens, dans son édition originale de 1983 à la non moins franco-ontarienne maison d'édition Prise de parole.


"Je suis né pas loin d'ici.
 J'ai encore les traces sur mon ventre.
 Taches de naissance.
 Je suis né pas loin d'ici mais
 personne me reconnaît.
 Je montre des photos de moi aux habitants.
 "Avez-vous vu cet homme ?" je leur demande."







17.7.12

Résolutions






Résolutions 

Genre : aphorismes.
Ingrédients : finesse, poésie, un peu de tautologies et beaucoup d'eau.
Suggestion de présentation : l'éditeur a choisi une maquette qui renvoie directement au recueil d'aphorismes de Pierre Peuchmaurd À l'usage de Delphine. Ce n'est pas tant un hasard d'ailleurs, puisque l'un a ses résolutions comme l'autre avait ses fatigues. En plus de nombreux recueils de poésie, Albarracin est également l'auteur de Pierre Peuchmaurd, témoin élégant (L'Oie de Cravan, 2007), ainsi que d'une monographie accompagnée d'un choix de textes aux éditions des Vanneaux.



"Je n'y crois pas une minute, mais je veux bien en douter une heure."
   
 *

"Les pilules qu'on avale sont les oeufs de couleuvres."
                                      
 *

"L'homme est un loup qui mange la chèvre avec du chou."

                                                                                *
           
                                       
                                                           "Qui peut peu croit beaucoup."


*

"La rouille, l'or autant que fer se peut."



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Résolutions, de Laurent Albarracin, Montréal, éditions de L'Oie de Cravan, 2012.
Vient de paraître également, du même auteur, Le secret secret, aux éditions Flammarion (2012).



10.7.12

L'ami du défunt



L'Ami du défunt. Le coup classique : un homme déprimé engage un tueur à gages pour le tuer car il n'a pas le courage de se suicider, mais dès que la machine se met en route, il fait une rencontre et reprend goût à la vie.
Depuis le temps que j'entends parler de Kourkov, je trouve ça très décevant (à tous points de vue, dialogues, narration, psychologie). Sur le même thème, mieux vaut revoir J'ai engagé un tueur, de Kaurismaki.





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L'Ami du défunt, Andreï Kourkov, Paris, éditions Liana Lévi, coll. "Piccolo".

2.7.12

Violence









Violence, de Slavoj Zizek. L'opposition entre violence subjective et violence systémique.

Éditions Au diable Vauvert, 2012.





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Sempre Susan


Sempre Susan, souvenir sur Sontag, est un texte qui était resté inédit en français et qui vient de paraître directement en poche dans la très nouvelle et très excitante collection "Pulse", chez 13e Note éditions.
Sigrid Nunez a été la compagne de David Rieff - le fils de Susan Sontag - dans les années 70, alors que le jeune homme vivait encore avec sa mère. Elle témoigne de l'expérience de cette intimité partagée avec cette icône de l'intellingentsia new-yorkaise, dans un récit qui réussit à rester sur le fil, ému et reconnaissant envers l'intellectuelle d'une part, sans concession pour la diva d'autre part.





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15.6.12

Le bref été de l'anarchie



Le bref été de l'anarchie, de Hans Magnus Enzensberger, un portrait de l'anarchiste espagnol Durruti et du mouvement anarchiste en Espagne dans les années trente, réalisé sous forme de montage de témoignages. Passionnant, et qui rappelle un peu Dos Passos.




éditions Gallimard, coll. "L'Imaginaire".

2.6.12

Le secret du mal











Le Secret du mal, de Robert Boalno. Recueil de nouvelles et d'articles de Bolano, toujours aussi intelligent et surprenant.

éditions Christian Bourgois.

24.5.12

Mayonnaise



Ça ressemble à du Brautigan, ça parle de Brautigan, ça goûte le Brautigan, mais ce n'est pas du Brautigan. C'est le Mayonnaise, et c'est très bon.




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Mayonnaise, Éric Plamondon, Montréal, éditions Le Quartanier, 2012.

17.5.12

Tribulations d'un précaire



Iain Levison est écossais et vit aux États-Unis. Du coup, il s'est endetté de 40 000$ pour obtenir un diplôme en littérature qui ne lui offre aucun débouché. Le voici donc contraint de faire tous les métiers pour rembourser sa dette et/ou survivre. Au choix : plongeur, déménageur, installateur de câble, pêcheur de crabes en Alaska, etc. Une bonne dose d'humour noir nécessaire pour rire du quotidien de cet universitaire obligé de se transformer en travailleur précaire itinérant.



Tribulations d'un précaire, de Iain Levison, éditions Liana Lévi, coll. "Piccolo", 2009.

18.4.12

Petit roman lumpen




Ce Petit roman lumpen que nous offre les éditions Chritian Bourgois porte très bien son titre puisqu'il y est question d'orphelins, de délinquants et de combines pour se sortir de la misère, le tout condensé en 95 pages. Ce livre permettra donc à ceux qui ne connaissent pas encore Bolano de se faire une idée de son style et de son talent sans se lancer tout de suite dans les romans marathon que sont 2666 et Les détectives sauvages. Les amateurs plus aguérris quant à eux seront satisfaits de prolonger "l'expérience" Bolano.


Christian Bourgois, 2012.

12.4.12

Sales caractères




Sales caractères est une passionnante histoire de la typographie, truffée d'anecdotes pertinentes et alternant grande et petite histoire de chacune des grandes familles de typo.
Présentation de l'éditeur :

"Times New Roman, Garamond, Arial, Courier, Verdana… La fréquentation quotidienne de l’ordinateur a popularisé le nom et l’usage des polices de caractères. Mais que savons-nous de ces fameuses « fontes », comme les appelaient autrefois les imprimeurs ? Rien ou pas grand-chose…
Simon Garfield entreprend de nous raconter l’histoire de quelques-unes des 100 000 polices de caractères créées depuis l’invention de l’imprimerie. Car derrière chacune d’entre elles se cache un destin, drôle et parfois tragique, qui croise souvent la grande Histoire ? l’auteur raconte ainsi comment la police Gotham contribua à l’élection de Barack Obama.
Les polices de caractères constituent aujourd’hui l’une des dimensions centrales de notre culture visuelle dont nous n’avons en général pas conscience. Qui sait que l’Helvetica a colonisé la signalétique urbaine outre-Atlantique et qu’elle est utilisée par toutes les grandes marques commerciales pour sa moderne efficacité ?

Simon Garfield est journaliste indépendant et auteur de nombreux livres."



(Le Seuil, 356 p., 2012)


29.3.12

Classé sans suite






Décidément, Patrik Ourednik se moque toujours autant de l'histoire qu'il raconte, qu'il s'agisse de celle avec un "H", dans Europeana, ou des intrigues mineures qui forment la trame de son nouveau roman, Classé sans suite.
De toute évidence, l'intérêt se trouve ailleurs pour lui. 
Dans l'ironie (cinglante, forcément) de son écriture par exemple, avec laquelle il brosse une kyrielle de portraits de personnages qui viennent s'ajouter les uns aux autres à un rythme effréné, qu'ils aient ou non un rapport avec la maigre intrigue policière censée accrocher l'attention du lecteur (une histoire de viol et d'incendies criminels dans un quartier tranquille de Prague). Celui-ci doit plutôt jongler avec les divagations de l'auteur, quitte à en prendre pour son grade si l'idée lui vient de se rebiffer contre se récit décousu :

 "Lecteur! Notre récit vous paraît dispersé? Vous avez l'impression que l'action stagne? 
Que dans le livre que vous tenez en main, il ne se passe au fond rien de très remarquable? Gardez espoir : soit l'auteur est un imbécile, soit c'est vous ; les chances sont égales."

Dans la précision de l'écriture (chirurgicale, bien sûr), l'habileté avec laquelle Ourednik passe d'un style à l'autre, du portrait psychologique au dialogue beckettien, et au delà de ça, dans la vision d'ensemble qu'il donne de la République Tchèque. À l'en croire, son pays ne serait peuplé que de vieillards acariâtres et de jeunes imbéciles au front bas. La sévérité avec laquelle il juge ses compatriotes n'est pas sans rappeler celle avec laquelle Thomas Bernhard ou Jelinek décrivent l'Autriche.



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Classé sans suite, Paris, éditions Allia, 2012, 160 p., 15,95$/9,00 euros.

11.1.12

L'Organisation




Avant de devenir le reporter et l'écrivain que l'on connait, Jean Rolin a fait partie - avec plus ou moins de succès - des "Mao" et de l'ultra-gauche française. Ce livre est le récit de cette période, et la preuve que l'action directe n'est pas faite pour tout le monde.
À lire si vous avez lu Tigres de papier, de son frère Olivier Rolin et/ou si vous avez vu La Chinoise, de Godard.




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- L'Organisation, de Jean Rolin, Paris, éditions Gallimard, coll. "Folio".