Extrait:
L'entraveur des piscines
"Il barbote vitesse éloge de la lenteur mais sans répit. Nageuses et nageurs de même cordée le regardent sans y croire. Passent leur tour, lui laissent de l'avance, en vain. Il est partout. Partout, il surgit de l'onde, partout, on se heurte à lui. On ne le dépasse pas, ce n'est pas l'usage ici. On finit à pied, derrière lui, espérant qu'il appréciera le geste et qu'une fois parvenu au terme, il, magnanime, vous permettre de nager devant. Pas du tout. D'un bras professionnel il opère un impeccable demi-tour et c'est reparti pour un crawl sirupeux, quelque chose comme un Many rivers to cross qui ne s'arrêterait jamais.
Le centenaire porte un caleçon de cycliste très mode. On a toute la vie pour s'en apercevoir mais je crois qu'après cette matinée, tout le monde s'est suicidé."
Nadia Porcar, in Tatami pop, éditions Pierre Mainard, 2004.
Sur le même livre, voir aussi cette note.
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